S'inquiéter pour la santé de son bâtiment et les risques d'humidités est légitime, important et constitue l’un des a priori négatifs principaux avant de se lancer dans la démarche SlowHeat. Sauf que ce n'est pas si simple.
S'il est vrai que le froid rend le logement plus sensible à l'humidité. Moyennant quelques connaissances et la mise en place de bonnes pratiques de ventilation, on peut tout à fait avoir un logement froid et sans soucis. Les églises, monastères et autres vieux bâtiments s'en sortaient très bien et son toujours debout maintenant ! Idem pour vos caisses en carton dans la cabane de jardin et le bois sous l'abri. S'il n'y a pas d'infiltrations ou de défaut constructif, dans un local suffisamment ventilé, il n'y a aucun risque de moisissures ou de dégradations.
Chauffer de l'air ne fait pas disparaitre la vapeur d'eau qu'il contient, cela ne fait que repousser plus loin la limite avant qu'il ne sature d'eau. (un air chaud peut contenir plus d'eau). La seule solution efficace pour retrouver un niveau d'humidité plus bas est des raccompagner à la porte cet air qu'on a chargé d'humidité (en respirant, cuisinant, se douchant...) et d'en reprendre du nouveau, dans lequel on n'a pas encore respiré, cuisiné... bref, ventiler ! Une fiche dédiée à la ventilation se trouve également dans la phase II
Quelques éléments bons à savoir sur l'humidité:
La santé du bâtiment : une question d’humidité plus que de température.
Personne dans SlowHeat ou ailleurs ne veut vivre dans un logement moisi, humide et qui se dégrade à vue d'œil ! Si on économise 50% d'énergie mais qu'au final la durée de vie de nos bâtiments est réduite de 20 ans, ce ne serait pas nécessairement un bon calcul... Alors est-ce vraiment le cas ?
Dans l'absolu, une température basse ne "génère" pas d'humidité. La température ne crée pas de molécules d'eau. Cependant elle agit sur les états de la matière (solide, liquide, gazeux).
Ainsi, c'est plutôt une température élevée qui pourrait accélérer la vaporisation de l'eau liquide présente dans le logement (fonds de verres d'eau, bac de douche, plantes, transpiration...) vers l'air et participer à une augmentation de l'humidité de l'air. Bien que cet effet soit faible.
Humidité relative VS humidité absolue
Avant de poursuivre il faut différencier ces deux termes.
L'humidité absolue de l'air nous dit combien de grammes d'eau il y a pour 1kg d'air sec. Elle s'exprime en grammes/kg. (1kg d'air = ±0,85m³). Pour la suite on va simplifier à 1kg d'air = 1m³ d'air pour faciliter la visualisation du phénomène, nul besoin d'être très précis dans un premier temps.
L'humidité relative s'exprime en % et nous dit à quel point ce mètre cube d'air est proche de saturer en eau. Pour trouver ce %, on compare la quantité maximale que le m³ d'air sec peut contenir (qui dépend de sa température) avec la quantité qu'il contient réellement. S'il contient 1gr mais pourrait en contenir 10gr ?>>> Il est à 10% d'humidité relative et est donc très sec. Sous les 30% un air est ressenti comme sec, au-delà de 70% il sera ressenti comme humide et à 100% il sature d'humidité. Un air agréable est compris entre 30 et 70% (40 à 60% pour les plus sensibles).
Si 1m³ d'air contient 6 grammes d'eau il aura une humidité absolue de 6gr/m³. Facile !
Cette quantité d'eau pourrait augmenter si de l'eau liquide était transformée en vapeur vers l'air (douche, eau qui bouille, respiration...) ou baisser si l'air arrive à saturation en refroidissant (100% d'humidité relative) et se met à se décharger d'une partie de l'eau en la rendant liquide à nouveau (condensation, pluie...).
Et l'humidité relative de ce m³ avec 6gr d'eau ?
Et bien elle dépend de la quantité d'eau maximale que peut contenir notre m³ d'air et cette quantité varie en fonction de la température de l'air.
À 7°C (un jour d'hiver doux), 1m³ peut contenir maximum 6,2gr/m³
À 15°C (une température SlowHeat) il peut en contenir 11gr/m³ avant de saturer !
Ainsi avec 6gr d'eau, à 7°C il sera quasiment à 100% d'humidité relative (6gr/6,2gr), mais quand cet air va rentrer dans le logement par la fenêtre et prendre sa température de 15°C, il présentera une humidité relative de 56% (6gr/11gr). Ce qui est parfait ! En se chauffant de 8°C, on a asséché l'air de ±40% !
Plus tard, si dans la nuit les températures chutent à 2°C dehors, alors l'air à 2°C qui ne peut, lui, contenir que 4,5gr par m³, va saturer et se décharger des 1,5gr de trop sous forme de pluie ou de brume.
Ainsi cet air, même 100% humide à 2°C, ne contiendra que 4,5gr d'eau. Quand, à son tour, il rentrera par la fenêtre et prendra la température du logement : 15°C, il atteindra une humidité relative de 41% (4,5gr/11gr) soit un air relativement sec ! Air qui remplacera avantageusement celui qui s'est gorgé d'eau au fil des cuissons, douches, respirations...
La métaphore de l'éponge
Pour vous imaginer tout cela, dites-vous que l'air est comme une éponge qui se comprime plus il est froid et que l'on relâche plus il est chaud.
L'air extérieur est très froid en hiver, imaginez que vous pressez très fort l'éponge. Maintenant, vous la mettez dans une bassine d'eau. Très peu d'eau peut y rentrer car vous pressez l'éponge. Si vous sortez ensuite l'éponge de l'eau et que vous la laissez reprendre son volume normal elle sera relativement sèche, c'est ce qu'il se passe quand l'air se réchauffe en rentrant chez nous. Mais cette éponge relâchée et relativement sèche chez nous, va capter l'humidité que nous générons en vivant et petit à petit se gorger d'eau. Il faut donc se débarrasser à temps de cette éponge (ce m³ d'air) et le remplacer par un nouveau qui vient de dehors : VENTILER.
Maitriser son humidité
Mais il ne faut pas attendre que l'air soit à deux doigts de saturer, car l'air qui est chez nous va, à un moment, se rapprocher des murs extérieurs qui sont relativement frais (surtout s'ils ne sont pas isolés). On vous passe les calculs mais avec 15°c dedans et 2°C dehors, on aura la surface intérieure du mur qui pourrait tomber à 11°C dans le pire des cas. Si l'air n'est pas brassé, alors l'air immobile contre le mur pourra localement prendre la température du mur: 11°C. L'éponge va donc se resserrer en s'approchant du mur ! à 11°C l'air peut contenir 8gr d'eau. S'il y a plus que 8gr d'eau dans l'air, alors il y a un risque que l'éponge dégouline = condensation. S'il y a moins que 8gr d'eau : aucun risque !
On doit donc garder une certaine marge et remplacer l'air à temps pour ne pas qu'en se rapprochant des murs il n'y ait des soucis.
Dit autrement, notre air à 15°C doit se limiter à 8gr d'eau pour éviter la condensation dans les endroits où il pourrait tomber à 11°C. Comme il peut en contenir 11gr à 15°C, cela revient à rester sous les 72% d'humidité relative pour avoir cette marge. Chose très facile à mesurer avec un hygromètre afin d'adapter son niveau de ventilation.
Rappelons-nous que, même par temps très humide, à 2°C comme à 7°C, l'air ne contient au maximum que 4,5 et 6gr d'eau par m³, ainsi, en ventilant, on remplace des m³ intérieurs qui ont pris l'eau par des m³ qui peuvent encore accumuler 2 à 3 gr avant de présenter un risque !
Quand on respire, au repos, on génère 40gr d'eau par heure. Ainsi dans une pièce moyenne de 40m³ (4mx4mx2,5m) fermée on rajoute 1gr/m³ chaque heure.
S'il fait 7°C et 100% humide dehors, et que l'air contient au départ 6gr dedans comme dehors, il faudra deux heures à notre pièce pour atteindre les 8 grammes/m³, soit 72% d'humidité à 15°C et 100% à 11°C, près des murs dans le pire des cas.
Il faut donc remplacer complètement l'air de la pièce toutes les 2 heures au minimum pour ne pas qu'il atteigne les 8gr (72% d'humidité, et donc un risque de condensation). S'il fait 2°C dehors par contre, on pourra se contenter de remplacer l'air toutes les 3 heures.
Dans notre exemple de logement non-isolé à 7°C dehors, 15°C dedans, on voit qu'il faut 40 nouveaux m³ d'air toutes les 2 heures, soit 20m³ d'air frais par heure. Quand on sait que les recommandations pour la ventilation sont de 36m³/heure par personne (donc quasiment le double) afin d'éviter que les polluants ne se concentrent trop dans l'air (CO2, COV...), on peut affirmer qu'en suivant les recommandations habituelles, aucun souci d'humidité ne verra le jour.
Dans la pratique, aucun souci n'est apparu dans les logements suite à la baisse des températures. Au contraire, ne chauffant quasi plus, certains ventilent mieux et plus souvent car l'impression de gaspiller de l'énergie n'est plus là.
Cependant, quand un souci préexistait en raison d'infiltrations, des défauts constructifs et/ou d'une ventilation insuffisante alors, oui, si le problème n'a pas été solutionné (petits travaux ou meilleure ventilation), les soucis d'humidité n'ont pas disparu et sont parfois devenus plus importants.
>>> tous les chiffres sont trouvables sur ce qu'on appelle un diagramme psychrométrique dont voici une illustration (et un calculateur)
http://ats-lycee-cantau.fr/air-humide/
Sur l'axe horizontal vous avez la température de l'air (suivre la ligne jaune).
Sur l'axe vertical vous avez la quantité d'eau absolue que contient l'air (ligne verte).
Les lignes courbes permettent de connaitre l'humidité relative de l'air (ligne bleue).
Quelques explications sur le diagramme :
L'air est à 30°C et il y a 10 grammes d'eau dedans. aux croisement de ces données on trouve le point mauve.
Sur on regarde les courbes d'humidité relative (bleu), on voit qu'on est quasiment sur la courbe "40% d'humidité". Si le point glissait vers la gauche (se refroidit) disons jusqu'à 15°C, on voit qu'il sera à deux doigts d'être dans la courbe "100%" et donc tout proche de la saturation. C'est ce qui explique d'ailleurs pourquoi nos caves sont souvent détrempées en période de canicule ! En effet, l'air chaud rentre dans la cave et s'y refroidi, ce qui fait grimper l'humidité relative de l'air.
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