OUI mais ce sera peu puissant et pas si simple à faire chez soi...
Un compost génère de la chaleur, par la décomposition des matières qui le composent. Dans un composteur de grande taille (plusieurs tonnes), la température peut atteindre 80°C. Cette chaleur peut être récupérée dans des processus agricoles ou industriels, pour préchauffer le logement de fonction d'un agriculteur ou sécher d’autres matières par exemple. Mais chez soi ?
A Bruxelles, dans de rares cas, des ménages pourraient accueillir et entretenir un composteur classique d'extérieurs d'1m³. Cependant, la plupart d'entre nous vit sans jardin et produit peu de déchets verts. Pour composter des déchets organique dans le contexte bruxellois (appartements, peu d'espace, peu de déchets verts) on aura plus tendance à se tourner vers le lombricompostage ou le bokashi d'intérieur. Dans les deux cas, on est loin des températures d'un composteur "classique". Pour le lombricompostage (avec des vers). Ces vers ne supportent pas les températures au delà de 30-35°C, il faut donc les protéger des vagues de chaleur. Avec ce type de composteur, comment les vers survivent t'ils? Et bien ca tombe bien pour eux, vu qu'ils font le gros du travail, peu de bactéries se chargent de la décomposition, ce qui évite la production de chaleur. Zut... pour nous !
Pour la bokashi peut monter un peu plus haut (+-40°C) dans des conditions idéales bien contrôlées et en sélectionnant les déchets qu'on insère mais dans le vie de tous les jours, la production de chaleur est dérisoire.
Reste le composteur "traditionnel", la question est de savoir si cette quantité de chaleur est significative.
Dans une installation industrielle, une tonne de déchets produit à peu près 100 m3 de biogaz, soit l’équivalent de 1000 kWh d’énergie.
On a donc un ratio de 1kWh/kg de déchet (sous forme de méthane).
Faisons l’hypothèse que notre bac sous l’évier ou notre composte de jardin est aussi efficace que la centrale de biométhanisation voisine (ok, c’est un peu grossier comme estimation).
Supposons aussi qu’on génère, en bon bruxellois moyen, 130 kg de déchets alimentaires par an et par personne. Cette masse de déchets représenterait alors l’équivalent de 130 kWh par personne.
Imaginons que nous arrivons conserver ces déchets intacts puis à lancer le processus de compostage pile au début de l'hiver et qu'il se finisse pile à la fin... Dans ca cas les déchets d'une personne pourraient fournir environ 36 Watts de chaleur en continu sur ces 5 mois (130kWh / 5 mois / 30 jours / 24 heures).
Soit l'équivalent d'une petite ampoule à incandescence de l'époque, ou encore, assez d’énergie pour compenser la facture de chauffage de … 1 à 10 m2 de votre logement, selon son niveau de performance. Pas tout à fait négligeable. C’est toujours bon à prendre. Mais ca ne va pas bouleverser l’équilibre thermique de nos logements. Et puis la réalité de notre compost artisanal est certainement (beaucoup) moins efficace que cela.
Pour un compost extérieur, généralement de plus grande taille, le potentiel énergétique est plus important, mais sa récupération sera difficile : une part importante partira dans l’atmosphère, et seule une partie pourra être récupérée par un tuyau d’eau au cœur du compost. Ce tuyau aura ensuite lui-même des pertes avant d’atteindre le logement, où d’autres pertes sont à prévoir dans un ballon de stockage. Toute cela est difficile à estimer, mais a priori assez décourageant. Sans compter que le compost fonctionne par cycles, lié au climat extérieur, au rythme d’alimentation, etc. Donc assez peu de chaleur, et pas forcément quand on en a le plus besoin.
Mais plus gros frein est l’aspect sanitaire ! Lorsque l’on travaille avec de l’eau chaude, les légionelles ne sont jamais loin. C’est particulièrement le cas dans des installations où l’on obtient au mieux une eau « tiède » (40… 50°C), particulièrement favorable au développement de bactéries. Les systèmes « classiques » ont des sécurités, telles que des montées régulières à haute température, des règles sur la longueur des bras morts, et autre qui seront difficile à appliquer dans une solution « bricolée ». Ne jouons pas avec le feu lorsqu’il s’agit de notre santé…
Cette piste semble donc avoir plus d'intérêt pour la valorisation à grande échelle, à l'échelle de la Région, des sacs oranges et déchets d’entretien des espaces verts.
Continuons à composter chez nous pour le seul bénéfice de nos plants de tomates ;-). Tout en évitant le gaspillage alimentaire, bien entendu.
Quelques liens utiles:
UN PROTOTYPE réalisé par "aaa" et Nature écologie en 2012 en France http://r-urban.net/wp-content/uploads/2012/03/RURBAN_Chauffage-compost.pdf
LA METHODE JEAN PAIN pour récupérer la chaleur du compost
WORMS ASBL
LES COMPOSTS DE QUARTIER
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