Les enjeux qui nous poussent à transformer rapidement nos pratiques de chauffe sont nombreuses. Il est important de partager ce socle de compréhension pour pouvoir avancer ensemble en tant que société dans cette démarche. Il est certain que d’une personne à l’autre ces enjeux ne raisonneront pas de la même manière. Tantôt la motivation sera l’autonomie et la sécurité, pour d’autre ce sera la protection de la biodiversité et la lutte contre le réchauffement climatique, pour d’autres encore ce seront les enjeux sociaux, économiques et géopolitiques qui feront figure de porte-drapeau. Peu importe la raison qui nous mets en marche, l’important est de s’allier et se mettre en route vers un même objectif.
Aujourd’hui, seule une minorité pourra être convaincue que la pratique SlowHeat est plus vertueuse, agréable, épanouissante que la pratique classique. Ce n’est qu’en connaissant en quoi elle diffère et ce qu’elle nous permet d’éviter (d’encore plus déstabilisant) que l’incitant à changer existera.
Pour découvrir le diagnostic que nous posons et les défis liés à nos pratiques de chauffage, nous vous invitons à lire la brochure que nous avons éditée en novembre 2021.
En voici un résumé:
Nous sommes addicts à la chaleur, elle sous-tend nos activités sociales et économiques. Sans elle, à ce stade, nous tomberions dans la précarité et la misère très rapidement.
La consommation de chaleur résidentielle est responsable d’environ 1/3 des émissions directes de GES (gaz à effet de serre) de la Région de Bruxelles-Capitale. L’impact sanitaire et climatique est important.
84% de l’énergie consommée dans les logements sert à produire de la chaleur.
Le gaz alimente le chauffage de 73% des Bruxellois et la production d’eau chaude sanitaire de 80% des Bruxellois selon les derniers chiffres disponibles (2018).
Ceci est dû au fait que nous produisons et conservons la chaleur à l’échelle du logement entier (notre corps représente un infime fraction de ce qui est chauffé) et que cette chaleur est produite à des niveaux importants (e.g. : 19-23°C).
Ces niveaux importants nous les trouvons “normaux” car ils correspondent à la norme du moment. Norme qui ne cesse de se répandre dans les sociétés et d’évoluer vers le “haut”.
Nos pratiques actuelles ne permettent pas de lutter contre le changement climatique. Se faisant, elles renforcent la fréquence et l’intensité des crises à venir.
Ces pratiques nous coincent, ne permettent pas de s’adapter en cas de moindre disponibilité, accessibilité des énergies et donc nous handicapent pour faire face aux chocs et aux crises en cours et à venir.
La résilience de notre Région mais également d’une bonne partie de l’Europe à cet égard est médiocre.
Les plans d’urgence et de préventions illustrent à quel point nous sommes démunis.
La stratégie de rénovation régionale est à la fois trop ambitieuse et probablement irréaliste mais elle est paradoxalement insuffisante et trop lente dans sa mise en œuvre.
Avec 60% des Bruxellois locataires, 24% de copropriétaires, on se retrouve avec seulement 16% de Bruxellois en droit d’agir librement et pleinement sur les systèmes qu’ils ont chez eux. 84% des Bruxellois dépendent donc d’autres personnes (le propriétaire, les copropriétaires…) pour agir sur leurs systèmes techniques.
Beaucoup de mythes entourent le sujet du chauffage. Ceci est en lien avec le fait que la pratique de la chaleur est déléguée aux experts et aux machines. On ne pratique plus beaucoup la chaleur. On est peu proactif. On serait désarmé et incapable de s’en sortir s’il fallait faire autrement.
Nous partageons un imaginaire et une vision très négative du “froid”. Il évoque la tristesse, la maladie, l’inerte, le moche, la mort, la pauvreté... Alors que dans d’autres cultures le froid est revigorant, bon pour la forme et la santé, il est synonyme de cocoon, de coin de feu, du bonheur d’être dans un gros plaid, de repas de noël, de sortie dans la neige, d’un bon chocolat chaud. Le froid peut, pourrait-être vu comme sain, joyeux ou encore comme contexte favorable au plaisir thermique.
En l’état, rien n’indique dans nos explorations que nous pourrions accepter, mettre en pratique et/ou faire face à des températures intérieures inférieures à 17,5°c. (+-1,5°C selon les profils). Or à l’échelle du logement entier ce sont très probablement des températures encore inférieures que nous allons être amenés à côtoyer si nous conservons le principe du chauffage central alors que l’accès aux ressources s’amenuise.
Cependant, dans nos explorations, tout indique qu’une baisse de température, si elle est “pratiquée” et maitrisée (différent de subie), peut s’accompagner de plaisir, de joie, de convivialité, de confort équivalent voir accru.
Tout indique que face aux changements qui s’opèrent nous allons devoir retrouver une maitrise de notre environnement et imaginer d’autres façons de penser et obtenir la chaleur.
Il est évident que définir un nombre de degrés dans l’air des logements (e.g. : 20°C) pour décréter ce qu’est le confort, ce qui est confortable, souhaitable ou normal, bien ou pas bien, est une vision étriquée, limitée de la réalité, qui oublie de tenir compte de la variété des façons d’habiter et niant le caractère unique de chaque individu.
Tout indique également que les 50 dernières années d’abondance et de désintérêt n’ont pas totalement fait disparaitre nos capacités d’adaptation physiologiques. Quelques jours voire quelques semaines d’exposition au froid permettent déjà relancer certains mécanismes physiologiques (graisses brunes...) et de faire une grande partie du chemin vers plus de résistance au froid.
L’expérience de certains laisse penser qu'après plusieurs hivers d'exposition à un froid "doux" on pourrait encore améliorer sa tolérance au froid de quelques degrés. En plus de la meilleure réaction du corps, notre tolérance “mentale” à la sensation froide semble encore se développer avec les années d’expérience basse température.
Tout indique que les défis auxquels nous allons faire face vont demander beaucoup d’imagination et de capacité à travailler ensemble.
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