SlowHeat ce ne sont pas des efforts ou des écogestes, ce n’est pas non plus une version amputée du système actuel de chauffage central, c’est une tout autre façon de concevoir et de penser le chauffage. SlowHeat est au chauffage central, ce que le vélo (électrique ou non) est à la voiture ; un saut d’échelle complet ; ni mieux, ni moins bien : simplement totalement différent, avec des avantages et des inconvénients.
Si depuis les années 60 tous le secteur de la construction a oublié l’objectif, l’humain et s’est concentré sur le chauffage des briques, dans la philosophie SlowHeat, l’Humain, chaque humain, redevient central. C’est lui qu’on continue à chauffer. On ne prive de chaleur que l’air et les murs.
En bref :
Tout un chacun est confronté à l’augmentation rapide et importante des coûts de l’énergie. Cela implique une réaction rapide des particuliers pour limiter leurs factures et éviter des régularisations pouvant aller jusqu’à plusieurs milliers d’euro. Or, les moyens d’action habituellement mis en avant (isoler sa maison, installer des panneaux solaires, …) ne peuvent pas être mis en place d’un claquement de doigt.
Nous n’avons collectivement plus les moyens et ne pouvons plus supporter les conséquences de chauffer nos logements entiers 6-7 mois par an à 22°C. La rénovation énergétique n’apportera qu’une solution partielle dans une génération, dans le meilleur des cas.
Le logement nous abrite du vent, de la pluie, des variations de températures extrêmes MAIS le logement ne peut plus être un lieu climatisé, un objet que l’on chauffe, c’est beaucoup trop grand au regard des enjeux. Le logement doit devenir un lieu plus naturel dans lequel l’ambiance intérieure fluctue au fil des jours et des saisons. La disponibilité des ressources fait qu’il ne peut en être autrement. Le logement sera parfois froid mais ce n’est absolument pas un souci si nos corps sont bien au chaud.
Le principal moyen d’action à court terme réside dans l’installation de chauffage. Plus particulièrement, dans la réduction du recours à celle-ci. Une économie d’énergie de 5 à 10% par diminution d’un degré au thermostat est un ordre de grandeur réaliste. Si tout un chacun peut réduire sa température d’un ou deux degrés et compenser cela par un pull supplémentaire, peu sont conscients qu’il est possible d’aller beaucoup plus loin, pour viser 16, 15, voir 14°C sans perte de confort. Ceci dans certaines conditions dont la caractérisation fait l’objet du projet de recherche Slowheat.
Les principes mis en avant par la pratique Slowheat sont :
Réduire la demande de chaleur du corps, par la combinaison de 3 éléments : l’habillement, l’habituation et l’activité physique ;
Hyperlocaliser l’apport de chaleur dans le temps et l’espace, par du matériel adéquat ;
Refaire de la demande de chaleur un acte conscient plutôt qu’une automatisation
Faire de la chaleur et du confort thermique un objet de discussion entre les membres d’un logement, et plus largement au sein de la société.
Concrètement :
On sort de la logique de programmation automatique à l’année, se chauffer devient une décision calibrée en fonction du besoin présent.
On récupère une maitrise réelle et tangible du logement et des énergies.
On laisse les températures fluctuer naturellement dans des limites plus larges qu’auparavant.
On adapte son niveau d’activité et son habillement au climat intérieur qui résulte de cette absence totale de chauffage.
On laissera le temps à notre corps d’exprimer son plein potentiel d’acclimatation et de passer en mode “hiver”. Cela demandera un peu de temps après 50 ans passé dans des ambiances climatisées mais une bonne partie de ces capacités peut déjà se réveiller après quelques semaines.
Quand on ne peut plus adapter au mieux ses activités (et le lieu où elles se déroulent), son habillement et sa physiologie... et que les températures baissent trop (sous 16°C par exemple), on s’aidera d’un appoint de chaleur local conductif adapté à notre activité (comme un plaid chauffant, un matelas chauffant). Si le conductif n’est pas adapté (sortie de douche, besoin de liberté de mouvement...), on utilisera en second choix des sources de chaleur radiatives. Moins efficace que le conductif, mais plus pratique. Et toujours bien plus efficaces que le chauffage de l’air.
Dans certains cas, quand le climat intérieur baisse encore plus (par exemple sous les 13°C) et que le chauffage local trouve sa limite, on pourra envisager de le maintenir à cette température (13°C) dans une zone délimitée et bien isolée du reste du logement que l’on appelle le foyer. On ne chauffera jamais les pièces de passage et encore moins celles où l’on n'est pas.
En bref, on chauffe les corps et éventuellement le coin de logement où l’on se trouve.
Lorsqu’une pièce est densément habitée, on pourra se permettre la chauffer à des températures qui permettent de ne plus utiliser ces appoints car de toute façon ces appoints, s’ils sont nombreux, auraient finis par chauffer la pièce ; et dans ce cas il vaut mieux utiliser une pompe à chaleur ou une chaudière efficace pour chauffer la pièce. La mutualisation de la chaleur est donc une excellente alternative qui permet de se passer des appoints. Soit on concentre la chaleur sur soi, soit on concentre du monde dans la chaleur.
Disclaimer important
SlowHeat est une démarche de sobriété énergétique volontaire. La sobriété c’est quelque chose qui s’organise, se planifie, se prépare. C’est quelque chose qui nécessite de la sérénité et un minimum de temps pour être apprivoisé et mûrir.
Lorsque la sobriété nous saute à la gorge et doit s’imposer du jour au lendemain ce n’est plus de la sobriété énergétique volontaire, c’est de la misère.
Si on est au chaud, nous, notre corps, alors vivre dans 13-15-17°C n’a pas de valeur bonne ou mauvaise en soi. Si c’est organisé, maitrisé et voulu cela peut-être un puissant vecteur de fierté, de bien-être et d’accomplissement... Mais si cela s’impose à nous et nous submerge car nous n’y sommes pas disposés et préparés, cette même température sera vectrice de honte, d’échec, de précarité, de mal-être...
SlowHeat affirme et décrit que sous certaines conditions et avec une certaine méthode, on peut nager dans le bonheur, la fierté, l’accomplissement par 15°C mais ceci ne doit en aucun cas servir d’alibi pour servir des discours tangents. Ainsi, le raccourci qui omettrait l’importance du caractère volontaire, l’importance de la trajectoire et de certaines conditions pour dire hors contexte que “15°C= bonheur” serait faux. Ainsi, déduire que tous ceux qui se plaignent par 15°C n’auraient rien compris et seraient coupables de ne pas y trouver leur bonheur serait un sofisme en totale contradiction avec la complexité du message que nous véhiculons. La précarité énergétique est un sujet qui nous préoccupe au premier plan mais la démarche SlowHeat l'envisage plutôt sur le plan de la prévention (éviter de tous sombrer dedans) que celui d’une solution pour en sortir, à ce stade.
POUR ALLER PLUS LOIN
Vous pouvez également visionner nos passages dans les médias, ce sont de bonnes façons de cerner les contours de la philosophie SlowHeat sous des angles chaque fois différents :
Vidéos :
https://bx1.be/categories/news/autrement-le-defi-slow-heat-ou-comment-chauffer-le-corps-plutot-que-le-bati/?theme=app
Lectures :
https://www.lalibre.be/debats/opinions/2022/09/17/apres-le-slow-food-et-le-slow-sex-le-slow-heat-LUKWDXTWKZASNCG4UUGURX6FMY/
https://www.levif.be/economie/energie/le-projet-slowheat-veut-rechauffer-les-corps-plutot-que-les-batiments/
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