Résumé:
En confrontant notre façon de nous chauffer avec les grands enjeux et défis (climatiques, sociaux, économique et énergétiques) que nous impose les XXIe siècle, force fut de constater que notre pratique était fortement inadaptée et handicapante pour faire face aux crises.
La pratique et la relation à la chaleur que la plupart d’entre nous partageons revêtent un caractère presque addictif. Ce qui est problématique car cette addiction engendre de la pollution et dépend des énergies fossiles. Cette pratique est également complètement démesurée et complexe. C’est notamment pour cela qu’elle est déléguée à des machines et des experts ; nous n’en avons plus vraiment la maitrise. Cette façon d’obtenir de la chaleur dépend par ailleurs d’un système à chaine unique, presque le même pour tous, sans alternative... Si un maillon venait à faillir, c’est tout le système “chaleur” qui tombe. Cet ensemble de caractéristiques constituent des vulnérabilités majeures pour nos populations. Il ne faudrait pas grand-chose pour sombrer dans l’inconfort, la précarité puis la misère.
Face aux crises que nous traversons déjà et qui ne cesseront de s’intensifier, SlowHeat s’est constitué autour d’une “DreamTeam” de Bruxellois composée de Citoyens, d’Association et de Chercheurs pour développer des connaissances et préparer la résilience en imaginant, explorant et coconstruisant l’idée et la pratique d’une vie basse température, basse énergie qui consiste essentiellement à :
1/ Se reconnecter à son environnement : Tenir compte de son environnement et s’adapter en fonction des saisons, du soleil, du vent, de l’humidité, de la disponibilité des ressources... plutôt que de nier les variations et créer un climat artificiel, intensif en énergie.
2/ Mettre l’Humain au cœur de la réflexion : tenir compte des individus, partir des ressentis, des aspirations, d’une vision utopique de la vie en société.
3/ Changer d’échelle : Quitter la logique de l’amélioration de ce qui existe mais effectuer un bond sensible dans la façon d’approcher la pratique. Ce sont les corps qu’il faut chauffer, pas les murs, l’air, les logements... Et c’est à l’échelle des corps, des activités et éventuellement des pièces ou morceaux de logement qu’il faut conserver cette chaleur produite.
4/ Développer des alternatives et de la résilience : Le confort thermique ce n’est pas une seule sensation immuable mais c’est un chapelet de combinaisons de sensations différentes mais toutes aussi confortables les unes que les autres et autant de moyens d’y parvenir. Dans SlowHeat, nous sortons de l’idée que le confort découle nécessairement d'un logement à la chaleur homogène avoisinant les 21C° grâce au chauffage central.
5/ Récupérer la maitrise, pour tous : Rendre la pratique simple, multiple et appropriable. Être en mesure (connaissance et savoir-faire) d’agir, de changer et de s’adapter pour le mieux en fonction des évolutions du contexte. Faire également en sorte que le changement de pratique soit accessible, souple, low-tech et à la portée de celles et ceux qui n’ont pas de droit réel et total sur leurs logements (locataires, copropriétaires...)
C’est en se posant des questions, imaginant de nouveaux possibles, explorant l’inconnu, simulant des situations de crises et partageant leurs expériences que les acteurs concernés par la problématique (citoyens, associations, chercheurs) associent leurs savoirs pour produire de nouvelles connaissances et développer des outils de résilience.